Presse – Le Commerce du Levant

Le circuit invisible de Sara Badr

Beyrouth – 11 février 1999
par Laure de Hauteville

Au Centre culturel français (rue de Damas) et avec la collaboration de la Société Générale Libano-Européenne de Banque sont exposés jusqu’au 26 février 1999 les 11 tableaux-installations en mixed-média de Sara Badr. Pour sa toute première exposition, Sara a choisit l’essentiel des matériaux qu’elle privilégie pour leur façon de symboliser l’énergie.
Le public doit suivre un circuit ; au début, il commence par un rond, dans un carré, puis se termine par le rond. La touche est brute et le sable de couleur ocre se mêle au dessin. La femme apparaît comme par fragment. Le trait tourmenté transforme l’image du corps féminin en une étrange idole païenne. Pourtant, cette femme dégage un charme particulier, une douceur d’esprit.
L’ouvre, dans sa matérialité, compte moins aux yeux de l’artiste que les actes qui l’ont fait naître ou les significations énigmatiques qu’elle laisse affleurer.
Le peintre instaure un espace nouveau avec ses tableaux-installations. Sur des toiles ou plaques de métal, Sara a peint des figurations à la fois académiques et non conventionnelles. Sur des diptyques ou triptyques, la femme nous observe ou tente d’éveiller en nous une curiosité. Le public peut passer son chemin, continuer le circuit ou s’arrêter, pour en savoir plus, découvrir l’invisible.
Un oil attire alors notre attention. La tentation à venir y voir de plus près, de plus dedans, nous envahit soudain. Dedans, nous y lisons le texte. Le texte pourtant si différent de l’ouvre mais qui nous entraîne au-delà du visible, vers une autre dimension. Sur l’un des tableaux, des plaques de métal sont collées à même la toile. Dans une spirale, un fotus est emprisonné. Sur le fond ocre les trois autres plaques représentent des corps de danseuses. Dans un coin, l’OIL. Nous y lisons : « Mon rêve, faire le tour de l’infini et mourir au départ, quand j’y parviendrai ». S’agit-il là d’un hasard, d’airs inachevés, d’un souhait ?
C’est au public de terminer le circuit et de comprendre.