Borderless – Milano

Nuova Galleria Morone, Milan

Janvier – Mars 2016

Commissaire d’exposition : Chiara Gatti

La Nuova Galleria Morone présente la première exposition solo milanaise de Sara Badr Schmidt, née à Stockholm en 1968 et résidant à Paris. Organisée par Chiara Gatti, l’exposition est le résultat d’une installation qui traite du thème éternel des frontières entre les pays, comprises comme seuils, passages et membranes osmotiques bien que souvent – et dramatiquement – scellées. Quatorze caissons lumineux distillés dans l’obscurité de l’espace ouvrent un nombre égal de fenêtres sur quatorze ciels différents. Horizons de nations et géographies lointains, définis par leurs propres conditions atmosphériques et climatiques et retranscris dans le bleu par des messages subliminaux, mots et écritures graphiques qui résument dans un verset (et un cri) l’identité d’un lieu ou de son histoire. En plus de dix ans de recherche, les ciels que Sara Badr Schmidt a photographié lors de ses voyages à travers le monde emploient un vocabulaire universel à l’unisson de voix qui relatent un état d’esprit, un épisode d’une certaine époque. Il suffit de penser au ciel de Paris, immortalisé en janvier 2015 quelques heures seulement après la tragédie de Charlie Hebdo : des nuages ​​du coucher du soleil émerge le mot « témoin ». Ou bien le ciel de Beyrouth en février 2012 avec son mot « sawa » (ensemble), allusion lyrique à l’image d’une ville où vivre « ensemble » semble être une utopie. Le ciel au-dessus de Ground Zero dans New York est une lagune de poussière et de brouillard : dans la brume, on distingue le haut de la Tour de la Liberté. Le mot « empty » (vide) est chargé de sens. Le dialogue entre ces cieux individuels, le ciel comme emblème d’un espace mystique et le mot précis qui « l’habite » comme un mouvement universel, icône d’une culture et d’une civilisation, trahit les vicissitudes personnelles de Sara et dans cette intimité explique les origines de son travail, la genèse de sa pensée. Née à Stockholm (sa mère est suédoise et son père libanais), elle « arrive » périodiquement en France, pour échapper au conflit libanais ou pour construire une nouvelle expérience, une nouvelle vie. Elle a réfléchi sur la cohabitation entre cultures et religions, sur le problème non résolu d’appartenance territoriale, sur l’identité politique et sociale des lieux, sur la possibilité ou le rêve d’un équilibre et d’une cohabitation entre peuples, indépendamment des frontières violées. « Borderless » – en un seul mot – synthétise ce mirage.

Chiara Gatti, critique d’art et commissaire d’exposition, janvier 2016

Photos imprimées sur toile, caissons lumineux
Hello, Paris, France, May 2009, lightbox, picture printed on canvas
Smiling, New York, USA, January 2015, lightbox, photography printed on canvas
Wall, Bejing, China, October 2011, lightbox, photography printed on canvas
Blunda och lyssna, Dalarö, Sweden, August 2010, lightbox, photography printed on canvas
Karma, Annapurna, Nepal, April 2015, lightbox, photography printed on canvas
I have a dream, New York, USA, April 2004, lightbox, photography printed on canvas
Sawa, Beirut, Lebanon, February 2012, lightbox, photography printed on canvas
Nowhere Everywhere, Europe, December 2008, lightbox, photography printed on canvas
Empty, New York, USA, January 2015, lightbox, photography printed on canvas
Arrabiatta, Lago Maggiore, Italy, August 2007, lightbox, photography printed on canvas
Borderless, Jezzine, Lebanon, July 2003, lightbox, photography printed on canvas
Om, Massif des Maures, France, September 2010, lightbox, photography printed on canvas
Témoin, Paris, France, January 2015, lightbox, photography printed on canvas
Ene, Indian Ocean, January 2011, lightbox, photography printed on canvas
Vidéo

Skyprint

Des oiseaux apparaissent comme des gouttes de peinture posées sur la toile du ciel et disparaissent pour revenir aussitôt dessinant une figure, aussi fugaces que le ciel est permanent et immuable. En contrepoint, la fresque de Chagall de l’opéra Garnier apparait par bribes, des pans de ciel révélés de façon aléatoire par des éclairs fictifs. N’est réel que ce que l’on perçoit. La composition musicale est de Jean-Daniel Consoloni, les notes de piano viennent faire écho aux taches que forment les oiseaux en apparaissant sur le ciel. Accompagnant les éclairs de l’Opéra Garnier, des sons de tonnerre, réminiscence de la guerre viennent rompre la quiétude du piano.

Vidéo : 4 min – Bande son : Jean-Daniel Consoloni.